Vu le titre du post, on pourrait croire que je parle d’un marathon ou d’une épreuve athlétique quelconque. En fait je parle juste d’aller faire ses “grosses” courses à pied. Déjà, il faut trouver l’hypermarché le plus près. Éviter toutes les embuches et autres attrape-nigaud , car les prix varient énormément d’une Grocery à une autre.
Alors, c’est l’histoire de trois jeunes hommes (un arabe, un écolo et un neutre), optimistes, motivés et surtout affamés, qui après 4jours de procrastination décidèrent finalement de démarrer la procédure de réapprovisionnement nutritif de l’appartement. Cela fais donc plusieurs jours qu’ils repoussent la fatigante tâche au lendemain, d’après leurs rapides recherches sur internet, il semble que le point d’intérêt le plus proche soit à 1.4miles San franciscaines. Je précise l’origine de cette distance car, 1mile à San Francisco en vaut deux à Paris. Eh oui, vu la violence des pentes, il relève parfois du parcours du combattant pour monter certaines rues à pied. Mais ce qui leur fait surtout peur, c’est le retour. Vu que l’appartement est plus vide que la tête de G.W. Bush, les courses risquent d’être assez conséquentes.
Ils prennent donc leur courage (et leurs ventres) à deux mains, et partirent à l’aventure. Sur leur route, d’un quartier à l’autre, des mondes parallèles semblaient coexister. D’un coté des petites maisons toutes mignonnes, avec de belles voitures garées devant dont les portières ne sont même pas verrouillées. Et dans la rue qui suit, des maisons en ruine avec des épaves garées devant. Ils marchent tout en espérant aller dans le bon sens, ils discutent, s’occupent, mais les rues sont vides. Normal, hier c’était Thanksgiving. Pas un piéton, la seule trace de vie vient des quelques voitures qui passent de temps en temps, semblant essayer de prouver une once d’activité humaine. Pas un chat dehors, au sens propre du terme. D’ailleurs depuis qu’ils sont la, ils n’ont vu ni chats ni chiens sauvages trainer dans les rues. Ça change du Maroc où les chiens et les chats sont des personnalités incontournables du monde de la rue. Ils y arrivent enfin, après une bonne vingtaine de minutes de marche. Ils ont croisé au total 3 piétons, dont 2 asiatiques et 1 afro américain. Pas de blanc à l’exercice en ce nuageux lendemain de fête. Ils doivent surement être entrain de digérer les 10kg de dinde qu’ils se sont enfilés hier soir au diné. Ils font donc leur courses. Facture 212$. Ils arrivent donc à économiser quelques dollars en prenant la carte fidélité. Génial. Maintenant ils doivent passer aux choses sérieuses et ramener le précieux butin à destination. La partie moins sympathique va commencer. Lorsqu’ils sortent du supermarché, il pleut; et bien! . Dieu pleure pour eux. L’arabe des trois propose de taxer le caddy et de transporter les courses dedans, “On le ramènera après” dit-il pour se donner bonne conscience, tout en sachant qu’il ne le ramènera très probablement pas. L’écolo des trois écarte immédiatement la proposition en prétextant qu’ils ne ramèneront jamais le charriot s’ils partent avec, et que de toutes façons ça devait surement être interdit. L’arabe des trois se laisse convaincre par l’argument de l’interdit. “On va devoir porter alors”, dit le ni- écolo ni-arabe des trois. C’est parti, de toutes facons ils s’étaient préparés psychologiquement pendant 3 jours. La pluie n’était pas prévue au programme, surtout que ces américains donnent des cartons en papier au lieu des sacs en plastique. Vous voyez arriver la suite… Papier + Eau, le tout soumis à du poids, ca craque.
Après 800m avec 10kg dans chaque bras, ils décidèrent de faire une petite pause. Sauf que l’arabe ne réfléchissant pas, pose ses sacs en carton sur le sol mouillé. Et les deux autres pensant que l’arabe savait ce qu’il faisait, firent de même. Quelques 500m plus loin, l’écolo déclare forfait et veut attendre un bus pour gagner un petit kilomètre. L’arabe voulant écourter au maximum la souffrance, il se porte volontaire pour porter un sac en plus et soulager l’écolo de sa peine. La transaction effectuée, c’est reparti. Une centaine de pas plus loin, le premier sac en carton craque sois le poids des courses, ayant éte fragilisé par l’eau,et ce au moment où ils traversaient un boulevard. Un bus qui arrivait voit la scène, et s’arrête pour leur laisser le temps de ramasser tout ce qui s’était évadé du sac en carton déchiqueté . Réaction en chaîne et Murphy oblige, les autres cartons cèdent à leur tour. Les jeunes guerriers ne sont plus qu’a un demi kilomètre de leur destination. Chacun se retrouve en position acrobatique pour tout faire tenir entre le torse et les bras. Tous les gens qui passaient en voiture les regardaient emerveillés de voir des gens faire de grosses courses à pied. Nos jeunes hommes savent maintenant pourquoi les américains sont gros. C’est parce qu’ils ne marchent jamais. Quand ils sortent de chez eux, c’est en voiture ou en chaise électrique.
Mais bon, nos jeunes guériers ont beau faire la morale, ils vont s’acheter une voiture et faire comme les autres.
Parce que finalement, pour ne pas grossir, il y aussi d’autres moyens que la super galère des courses à pied.